
Je regarde une photo d’il y a un an pile ! Je berce Angelo, il se love dans mon cou, une cascade d’amour m’envahit. Quand je regarde cette photo, je perçois à la fois toute l’innocence dans laquelle j’étais et tout ce que j’étais en train de traverser et ce que j’ai traversé depuis. J’avais encore beaucoup d’espoir, encore une tonne de joie et d’amour à donner.
Mon dieu ! Je suis horrifiée ! Je suis horrifiée de voir à quel point cette année m’a anéantie. Je pèse mes mots. Toute joie est partie. Tout espoir s’est envolé. Il ne reste aujourd’hui plus que la tristesse, plus que la peur, plus que le désespoir. Cela ne m’empêche pas de m’occuper d’Angelo. Mais je le fais par habitude et par nécessité, parce qu’il n’y pas le choix. Mais est-ce que je ressens de la joie de vivre tout ça ? Je ne crois pas. J’ai perdu toute étincelle. J’ai perdu tout espoir, je me suis perdue. Je ne sais pas quoi faire de tout ce qu’on a vécu, de tout ce qu’on nous a annoncé, c’est tellement le bordel, c’est tellement insoutenable à vivre.
J’ai la sensation qu’on m’a annoncé la mort de mon enfant ou alors qu’on m’a annoncé que je vais vivre en prison toute ma vie avec Angelo et Gérald. Tous en prison ! Tous condamnés. A perpétuité. C’est violent. C'est mon ressenti, réel. Chaque matin, je me réveille dans un cauchemar. A chaque fois qu’on sort de la maison, tout nous renvoie sans cesse à cette violence. Jamais de répit, Jamais d’apaisement. Jamais on me dira : c’est bon, votre fils est guérit! Jamais ! Jamais on me dira qu’Angelo mange bien et que sa croissance est bonne.Toujours cette épée de Damoclèse de la gastrotomie. A chaque repas, c’est un combat. Non, pas avec Angelo car je sais qu’il faut le laisser tranquille et respecter ses refus, ses rythmes. Mais un combat avec mes propres émotions, un combat pour lâcher d’instant en instant, lâcher cuillère après cuillère, supporter les refus, supporter à chaque fois que ça ne se passe pas comme j’aimerais, comme les médecins aimeraient.
Je suis épuisée, je n’en peux plus, je suis à bout. Mais jamais jamais je n’abandonnerai, je le sais. Mais à quel prix ??? Tout ça me ronge, Je suis tellement triste. J’ai un bébé sous les yeux, différent mais adorable. Et je ne peux pas profiter d'être juste avec lui. Depuis qu'Angelo est né, tout me coupe, m'éloigne de lui. J'ai l'impression qu'on me vole ce qui aurait dû être doux et joyeux. J'ai un bébé sous mes yeux et je ne réalise toujours pas. J'ai un bébé sous les yeux et il ne me regarde toujours pas dans les yeux, ils semble m'ignorer. Et en même temps, je sens tout son petit corps s'accrocher à moi, s'abandonner dans mes bras lorsqu'il a mal, lorsqu'il est fatigué, lorsqu'il a peur. Alors ça, ça me donne confiance que le lien est bien là. Juste ça. Je m'accroche à ça. A sa tête qui se love dans mon cou lorsqu'il pleure. A ses chants et ses sourires aux anges. A ce bébé étrange, contemplatif, qui prend tout son temps, trop de temps pour grossir, grandir, pour se développer, qu'il est dur de comprendre. Tout est décryptage avec lui. Tout est dans le subtil, le sensible, l’intuition. Or, l’intuition, bien longtemps que les ondes ont été brouillées, mes antennes ont été coupées, je ne sais plus sur quoi m’appuyer.
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