
J’ai lu dans un roman il y a peu de temps le témoignage fictif d’un handicapé qui parle à son amie de son accident et des suites.
Il lui raconte que son compagnon a pris soin de lui pendant 5 ans avec une abnégation totale. Mais ça a fait de gros dégâts, les deux se sont détruits mutuellement. Cette amie lui demande alors « Mais à quoi ça rime alors tout ça ? Est-ce que vraiment ça a servi à quelque chose puisque toi tu souffres de ta nouvelle vie d’handicapé, que ton compagnon est mort intérieurement à cause de ces 5 dernières années qui l’ont détruites et que vous ne pouvez plus vous voir ? ». Il lui répond : « ça a servi à me maintenir en vie. Sans lui, je ne serai pas là aujourd’hui. Grâce à lui, je me suis accroché à la vie lorsque j’avais juste envie d’en finir. Sans lui, je ne serai pas là à constater qu’il est temps que j’entame ma reconstruction. »
J’écris ce passage avec mes mots. Quand j’ai lu cela, j’ai pleuré car ça a fait miroir à ce que nous vivons avec Angelo. Lui subit le handicap, la maladie et nous, on l’accompagne là-dedans et c’est une douleur atroce. Il n’y a pas de mots pour nommer ce que ça nous fait vivre. Ça dégomme tout en nous et dans notre vie, mais nous sauvons une vie et prenons soin d’une vie. N'est-ce pas le plus précieux ?
Tout ce qu’on fait pour lui, c’est pour qu’il vive, qu’il grandisse du mieux possible et lui donner le plus de joie et d’amour possible, du mieux qu’on peut. C’est notre seul objectif. Ça nous prend tout notre temps, notre énergie. Il n’y a plus la place pour autre chose, plus de place pour notre bonheur personnel. En nous, c’est une forme de désolation. Seules les pépites de joie avec Angelo au quotidien nous revigorent pour continuer à avancer. Ce qu’on espère, c’est qu’un jour, Angelo pourra s'éclater dans la vie et voler de ses propres ailes. Cela me semble impossible aujourd’hui car aucun médecin n’est optimiste à ce sujet et aucune personne dans le monde qui a le même syndrome qu’Angelo n’est autonome à l’âge adulte. Mais je le nomme quand même car j’aimerais convaincre mon for intérieur que c’est possible, qu’il faut y croire, que les miracles existent.
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