La magie de déposer des mots dans une oreille accueillante.

Publié le 22 février 2024 à 22:47

Pour la première fois depuis qu’Angelo est né, j’ai réussit à mettre des mots avec mon thérapeute sur quelque chose que je sentais de bloqué en moi. J'ai pu enfin dire : c’est impossible, c'est complètement indigeste, c'est un grand malentendu, ce n'est pas comme ça que ça devait se passer (voir article précédent du 7 février 2024).

Eh bien, allez savoir pourquoi mais le fait de l’exprimer, qu’il m’écoute attentivement, accueille ma colère, ma révolte contre cette grande injustice impossible à accepter et à intégrer, qu’il me dise que c’est normal de ressentir ça et me fasse des métaphores pour m'expliquer le processus psychologique en jeu, eh bien ça soudainement désarmocé quelque chose. Comme si j’étais quelque part bloqué dans cet impossible. Coupé, séparé d’Angelo par son diagnostic, les machines, les urgences à gérer, les hospitalisations, le stress, les choix à faire…le tout recouvrant Angelo d’un large voile noire. 

Depuis cette séance, j'ai tiré sur ce voile noire. De déposer des mots dans une oreille bienveillante qui reconnaît et accueille le drame est parfois magique. Je n’en reviens pas moi-même. Mais c’est bel et bien vrai. Aujourd’hui, je suis là, avec Angelo, tel qu’il est et non pas avec l’Angelo malade et cette machine, ces fils, ce diagnostic, ces seringues entre moi et lui. Depuis, je suis avec lui, je passe des heures à observer mon magnifique Angelo qui a une envie folle de jouir de la vie, d’aimer et d’être aimé. Je n'avais pas encore rencontré cet Angelo. J'en étais resté à cet Angelo qui n'arrivait tellement pas à se nourrir que je croyais qu'il ne voulait pas vivre. J'en étais resté à cet Angelo à l'hôpital, en souffrance, subissant des examens stressants, douloureux voir traumatisants. J'en étais resté à cet Angelo en état d'urgence. J'en étais resté à cet Angelo sur lequel le généticien avait déposé ce voile noir.

Je peux enfin le rencontrer. Je m’accorde beaucoup beaucoup de temps pour caresser ses longues mains toutes gracieuses, contempler les moindres de ses traits, me délecter de sa beauté, de son appétit de jouer, s'éveiller, progresser.  Je n'y arrivais pas avant. Allez comprendre pourquoi un simple blocage dans l'esprit empêchait cela ? Oui, le contempler, tel un magnifique paysage, lui, petit corps plein de vie, qui ne veut qu'une seule chose : grandir, découvrir le monde, embrasser la vie ! Je m'autorise enfin à le suivre dans sa folie douce, dans ses explorations fascinantes, dans ses parties de rigolades avec les anges.

 

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