
Pendant les 10 jours d'hospitalisation, Angelo s'est coltiné des 40-41° de fièvre, gémissait continuellement, avait de grosses difficultés à respirer et n'arrivait à dormir que 10 minutes d'affilés. Tous les jours, en plus des piqûres, prises de sang, perfusion, lunette d'oxygène, médicaments, Angelo avait droit à des soins d'extraction des glaires : sonde aspirante introduite dans la gorge par la bouche pour aspirer les glaires.
Dès la première nuit, trois infirmières ont débarquées car Angelo manquait copieusement d'oxygène et lui ont fait ce soin immédiatement pour dégager ses voies respiratoires. Angelo, effrayé par ces trois inconnues masquées qui le martyrisaient, se débattait de tout le peu de force qui lui restait, étouffait littéralement. J'étais à deux doigts de vomir. Impossible de l'approcher pour le rassurer car elles prenaient tout l'espace. Je me suis alors réfugiée dans la salle de bain, pour m'extraire de cette vision trop insupportable , pour que les cris-étouffements d'Angelo m'atteignent moins, pour calmer mes hauts le coeur en m'aspergeant d'eau. Une fois les infirmières parties, après 30 bonnes minutes, je suis allé voir Angelo, lui expliquant ce qui s'est passé en lui caressant la tête, les larmes coulent à flot sur mon visage. Impossible de le prendre dans mes bras avec tous ces fils. Elles en ont rajouté un gros : les lunettes à oxygène. Angelo m'écoute, les yeux hagards, gémissant.
Ce n'est pas nouveau pourtant pour moi puisque Angelo a subit pendant 7 mois des introductions de la sonde naso-gastrique dans son nez jusque dans son estomac. La vérité, ce qu'on ne s'habitue jamais à de tels "soins". Lui non plus d'ailleurs. Parce que le soignant fait du mal pour faire du bien. L'association des deux ne devrait pas exister. C'est un sentiment insoluble, insupportable à vivre. Car on ne peut pas se positionner pour ou contre. Car on voudrait s'opposer mais si on le fait, on empêche de soigner son enfant. On est coincé. C'est encore pire quand c'est pour un examen, pour une prise de sang car dans ce cas-là, ce n'est même pas pour son bien, c'est pour permettre aux médecins de vérifier, comprendre ce qui se passe.
Jusqu'à quel point consentons-nous que l'autre fasse mal à notre enfant pour le soigner ? Quelle est la limite ? Et cette sensation atroce de le voir nous supplier du regard d'arrêter ce calvaire et de ne pas le faire, malgré l'envie folle de dire "stop". Qu'est-ce qu'Angelo retient de ça ? J'ai beau lui expliquer, j'ai peur qu'il soit en colère, qu'il me rejette, qu'il m'en veuille, qu'il soit traumatisé.
Cette nuit-là, je n'en veux pas aux infirmières, elles ont fait ce qu'il fallait, il y avait urgence. Mais parfois, j'ai des colères monstrueuses envers elles et les pédiatres parce que certains soins ou examens ne sont pas nécessaires. Parce que quand il n'y a pas urgence, je suis outrée de voir que beaucoup ne prennent pas la peine de parler à Angelo, de m'expliquer, de proposer des anesthésiants, des anti-douleurs.
Les jours suivants, ce soin sera réitéré pour le plus grand malheur d'Angelo et le mien aussi.
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