Quand j’étais enceinte, je parlais d’un tsunami qui allait arriver, et il est arrivé !
Mon ressenti, ma prémonition était tellement vraie, plus que vraie !
Elle était déjà une réalité dans mes tripes, dans mon ventre,
Je ne savais pas ce que cela voulait dire.
Cette première année a été un véritable tsunami.
Je le pensais apaisé,
J’ai vis une accalmie, quelle merveille !
En vérité, c’est une courte accalmie avant la plus grosse des vagues du tsunami.
Un ciel bleu et calme avant le plus féroce des ouragans.
Vais-je survivre ?
J’ai peur, je suis morte de trouille.
Peut-être que toute ma vie va basculer.
Et sûrement que toute ma vie va basculer.
Je me prépare.
Je vois au loin la vague arriver.
Vais-je survivre ? Allons-nous survivre ?
Je prie pour que ce ne soit qu’un mirage.
Je prie pour que les météorologues se plantent dans leurs prédictions.
Je prie que si ce n’est pas un mirage, qu’elle soit la plus douce possible.
Et surtout surtout, je prie pour qu’elle fasse le moins de dégâts possible.
Mais je la sens arriver, pas besoin de météorologues cette fois-ci.
Je la sens, je tremble à l’intérieur, mon coeur tremble.
J’aimerais être sereine, j’aimerais faire confiance, J’aimerais me sentir libre.
Au point que mes bras se transforment en ailes et que je puisse m’envoler et me réfugier avant que la vague ne frappe.
Je suis dans un état de stress pré-apocalyptique.
Mon plus grand cauchemar est sur le point de devenir réalité.
J’aimerais courir, m’échapper,
mais je ne peux pas.
Ici, aujourd’hui, impossible,
Il est trop tard pour fuir,
Il y a nulle part pour fuir,
Je vois la vague arriver,
Je vois son gigantisme se déployer,
Qu’une seule chose à faire : me laisser frapper, plus que jamais !
Si je veux m’en sortir, il va me falloir me mettre en apnée,
plonger,
laisser les vagues me chahuter, me secouer, m'engloutir, m'avaler,
Si je veux m'en sortir, je vais devoir arrêter de me débattre,
Ou apprendre à danser au milieu de l’eau en furie,
Et trouver le chemin pour sortir la tête hors de l'eau,
Avant qu'elle ne m'anéantisse.
Je suis terrifiée et je serai terrifiée.
Je n’y échapperai pas
Pas d’issue de secours,
Je pleure et je vais pleurer à n’en plus finir,
C’est certain.
Ce qui me sauvera, c’est certain, c'est lui.
C’est sa douceur et sa beauté,
C’est chaque ultime instant avec lui,
C’est son chant et ses rires,
C’est de m’accrocher au présent, plus que jamais.
Il est VIE, il est Là, il ne demande qu’à vivre, qu’à être, ce qu’il est.
Peu importe ce qu’il sera, il va me falloir suivre le mouvement de la vie, le mouvement d’UNE vie.
Qui ne cherche qu’à éclore, dans sa singularité.
Il va me falloir apprendre à me régaler du moindre instant de beauté, plus que jamais.
Ne rater aucune miette.
Trouver la joie même avec un coeur assommé de tristesse.
Trouver le rire et l’espoir même avec des larmes en pagaille.
Trouver la beauté et l’optimisme même quand tout sera dur et incertain.
Trouver la liberté et la légèreté même avec du plomb dans le ventre.
Trouver l’énergie et l’enthousiasme même avec une colère inconsolable.
Trouver l’amour et la bonté même si rien ne me plaît dans ce qu’il se passe, même si rien n’est gratifiant.
Trouver la confiance même si la montagne paraît infranchissable.
Trouver l’acceptation même s’il me sera impossible de faire le deuil.
Trouver l’amour, incarner l’amour, m’aimer, malgré la tonne de culpabilité.
Trouver l’amour, incarner l’amour, l’aimer, qui qu’il devienne, dans toute sa singularité.
J’ai tellement peur que cette vague qui arrive transforme mon regard sur toi bel être.
J’ai tellement peur que cette vague te torde et broie ta vie.
Mais depuis ton premier jour de vie,
Tu nous as montré une force démesurée, tant de choses auraient pu te broyer déjà
Et pourtant non !
Mais je suis morte de trouille.
Cette fois-ci, vais-je savoir te sauver, t’épargner, t’accompagner ?
Vais-je savoir surfer ?
Vais-je survivre ? Allons-nous survivre?
Allons-nous arriver à tout reconstruire ?
Malgré la démolition qui a déjà commencé depuis que tu es né, malgré le ras de marée qui arrive, allons-nous survivre ?
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