On continue de sourire

Je me rend compte que nous sommes en train d'entrer dans un monde qui nous était étranger, lointain car pas concernés. Je n'avais pas conscience des drames que pouvaient traverser tous ces parents et enfants

Je me rend compte que nous sommes en train d'entrer dans un monde qui nous était étranger, lointain car pas concernés. Je n'avais pas conscience des drames que pouvaient traverser tous ces parents et enfants atteints d’une maladie et/ou handicap. Quand on est à l'hôpital des enfants de Bordeaux, nous côtoyons la maladie, la mort, le désespoir, les difformités, les cris, les pleurs, la peur, l'épuisement, des vies qui s’écroulent.

Des ras de marées se passent sous nos yeux. Malheureusement, quand tout va bien, nous sommes aveuglés par notre propre bonheur ou alors tout simplement pas conscients parce que nous n'avons jamais vécu la situation que vit l'autre.

Depuis que je vis tout ça, à chaque personne que je croise, je me demande ce qu'elle est en train de vivre. Et je me dis : « peut-être est-elle en train de vivre un drame mais que ça ne se voit pas ». Car ça ne se voit pas forcément. Parce que même en vivant un drame, on continue de sourire, d'être gentil, de rire...dès qu'on le peut. On continue de sourire pour ne pas sombrer, on continue de trouver des espaces de rires parce que le corps bourré de stress en a besoin pour décompresser et on continue d’être gentil pour que la vie soit la plus douce possible pour l’autre...on ne sait jamais ce qu'il est en train de vivre.