
Nous sommes le 7 décembre 2021. Il est 10h du matin, nous nous rendons aux urgences pédiatriques de Périgueux. Angelo refuse pratiquement tous les biberons, boit très peu, perd du poids, s'affaiblit de jour en jour.
Nous sommes encore en mesures covid, qu’un seul des deux parents peut rentrer. J’y vais. Angelo dans mes bras, tout juste 3 mois. Il est épuisé. Il ne dis rien. Je rentre après une attente de 30 min à l’enregristrement.
La salle d’attente est bondée d’enfants malades, qui toussent et leurs parents. Pas de place assise et surtout, je ne veux pas rester à côté de tous ces enfants qui toussent. J’attends dans le couloir, debout, Angelo dans mes bras, contre mon ventre.
Il est déjà plus de midi, je demande à une infirmière à avoir un endroit à l’écart pour essayer de donner le biberon à Angelo. Elle m’écoute à peine, elle a trop à faire. J’essaye avec d’autres soignants. J’explique à un autre qu’Angelo a besoin d’être allongé pour lui donner le biberon, que je ne peux pas lui donner dans la salle d’attente car il n’y a que des chaises et qu’en plus, il y a trop d’enfants malades. Rien à faire, tous les soignants me refusent ma demande. Les heures passent. Je suis en rage intérieurement. Je tiens informé Gérald par sms qui attend dans la voiture, au froid. J’ai qu’une seule envie : partir. Mais si je fais ça, qui nous aidera pour Angelo ? Personne. Je n’ai pas le choix. Je n’ai rien pris à manger. Le temps passe, j’ai très faim, très soif. Je ne sais pas pour Angelo mais il ne dit absolument rien pendant toutes ces heures, ne bouge pas. J’ai peur. Angelo n’a que 3 mois, c’est trop peu pour l’exposer à autant d’autres enfants malades, trop peu pour le faire attendre ainsi. J’ai envie de m’énerver mais je vois bien que les équipes sont surchargées. Que faire?
16h : Enfin, on nous met dans un box. Six heures que nous sommes là, à attendre debout. Je commence par boire au robinet. Une aide-soignante pèse, mesure Angelo et me pose des questions. Elle repart, elle me dit d’attendre la pédiatre. Je fais immédiatement le biberon à Angelo. Froid car je ne peux pas chauffer le lait. Du coup, je ne peux pas mettre d’épaississant. Je peine à lui faire accepter le biberon mais il boit finalement 20ml, ce qui est déjà super. Nous attendons. Angelo est peu actif, semble absent. J'essaye de jouer avec lui mais je suis épuisée, j'ai peu d'entrain. On nous transfert dans un autre box. Il fait nuit maintenant.
19h : la pédiatre débarque dans la chambre avec une interne. Deux minutes top chrono ! Elles me posent quelques questions et je leur explique qu’Angelo a été déjà été hospitalisé à sa naissance et je leur demande s’il serait possible de voir l’orl qui avait fait le diagnostic pour Angelo. Pas moyen évidemment puisqu’elle n’est là que deux jours par semaine et pas en soirée évidemment.
La pédiatre me dit d’épaissir un peu plus le lait d’Angelo et de rentrer à la maison. Pour elle, il n’est pas trop déshydraté donc ça va aller. Je suis surprise, leur demande qu’il soit hospitalisé, que je suis à bout, je n’y arrive plus, qu’il ne boit plus rien. Elle me dit qu’il n’y a plus de place. Elle me renvoie à la maison avec Angelo et nous dit de rappeler les jours suivants pour dire comment Angelo évolue et qu’ils l’hospitaliseront dès que possible s’il n’y a pas d’amélioration.
20h : Je rejoint Gérald, épuisée, Angelo affaibli plus que jamais, moi pleurant toutes les larmes de mon corps. Il me donne à manger. Nous avons passé 10h à attendre avec Angelo (dont 6h debout) pour finalement nous entendre dire d’épaissir un peu plus le lait pour Angelo. Je suis folle de rage ! Désespérée ! Angelo encore plus affaibli qu'avant.
Deux jours après, le 9 décembre, Angelo est hospitalisé. Depuis le passage aux urgences, il ne boit absolument plus rien, dort tout le temps, est très affaibli, ses couches sont sèches.
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